Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/217

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Aymar remit son olinde au fourreau, et, silencieux, tous deux ils reprirent leur route. Après un moment de marche, Bonaventure Chastelart, licencié ès bavarderies, rompit l’abstinence pour la seconde fois.

— Vous me permettrez, seigneur Aymar de Rochegude, de vous manifester mon étonnement sur votre alliance avec une hérétique ; en ma qualité de prud’homme et de robin, vous me permettrez de vous dire qu’il est messéant et dangereux d’épouser une juiferesse.

— Juif toi-même !

— Juif moi-même !…

— Oui ! ânier que vous êtes ! Qu’êtes-vous donc, sinon un pauvre juif ?

— Moi, Bonaventure Chastelart, fils légitime de Claude Chastelart, imprimeur privilégié de l’église primatiale de Lyon, et de dame Anne-Pétronille-Maguelonne de Saint-Marcelin, ma mère, que Dieu les garde en son giron ! et frère puîné de Pantaléon Chastelart, chamarier du chapitre de Saint-Paul, moi ! je suis un Hébreu, un hérétique ! Allons donc, cavalier, votre tête galope !

— Moins qu’un juif fidèle, docteur ! Voyez la