Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subjugué, pour la première fois l’amour que j’ignorais, que je bravais, entrait chez moi, mais comme un tonnerre qui se rue dans un colombier sans retrouver l’issue ; l’amour non plus chez moi ne l’a pas retrouvée l’issue, ma passion sera éternelle.

Revenu à moi, ayant retrempé ma hardiesse, je profitai du repos des ménétriers et m’approchant du vieillard :

— Messire, lui dis-je, en le saluant révérencieusement, vous permettrez de trouver messéant à un cavalier, qu’une aussi noble damoiselle que celle que voici, soit à l’écart de la sérénade dont elle ferait la gloire ; si vous le désirez, messire, je vais faire ouvrir un passage à la foule pour que vous puissiez l’accompagner sans méfait jusqu’au cercle des dames.

— Monsieur, je ne puis profiter de votre offre aimable, et vous dis merci de tout cœur.

— Vous êtes excellent, messire, répliquai-je, mais ma damoiselle d’aussi loin ne peut bien entendre la sérénade.

À ce moment, cette noble fille, vermeille, s’inclina pour me remercier, je me troublai et balbutiai quelques syllabes.