Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/263

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la pauvre fille, accablée, s’affaissait éperdue dans son trouble, et par surcroît, la crainte, la timeur intime d’avoir perdu ou de perdre son bien-aimé la tuait.

Rien ne pouvait l’arracher à ses cogitations : cependant ses sensibles parents faisaient tout pour la distraire. On lui achetait mille choses dont elle n’avait nulle envie ; comme une enfant malade qui repousse ses jouets, elle regardait à peine ces fanfreluches, ces bijoux qui, quelque temps auparavant, l’auraient emplie d’allégresse. Souvent on la menait aux promenoirs de la ville, souvent on la menait parcourir les campagnes, à l’Île-Barbe, à Roche-Taillée, dans les bois de Tassin ou de Roche-Cardon, à la tour de la Belle-Allemande, sur les rivages de la Saône et du Rhône, mais rien ne lui plaisait ; elle restait muette sous son voile abattu.

Un jour, elle demanda à sa mère Léa la permission d’écrire un billet à son fiancé, le voici :

« Aymar, si vous aimez Dina, comme Dina vous aime ! revenez de suite, je vous supplie, si vous êtes libre encore. Si vous ne l’êtes plus, rompez vos fers, où que vous alliez, j’irai ! Ou