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Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/266

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— Mon père, pardon si je viens encore vous troubler, vous me voyez à vos pieds, ne vous emportez point ; souvenez-vous que toute sa vie, votre humble fils vous a été soumis ; une seule fois, il lui arrive d’avoir une volonté, et cette volonté lui est fatale. Vous le savez, l’amour ne se commande point, l’amour vrai ne s’arrache pas, vous le savez, car vous avez aimé ma mère, est-ce pas ?…

À ce mot, Rochegude tressaillit, comme accablé par d’affreux souvenirs, et fit d’affreuses contorsions pour rassereiner sa figure.

— Est-ce ma faute, reprit Aymar, si la femme que le ciel m’a envoyée, s’est trouvée Israélite ? si cette femme choisie, s’est trouvée du peuple choisi de Dieu ? Est-ce ma faute, si elle est du même sang que votre Christ ?… Elle est belle, elle est pure, elle est vierge, je l’adore ! elle m’adore, elle vous adorerait aussi, mon père ! N’est-ce donc rien que l’amour d’une bru ? Sa joie égaierait votre vieillesse ; vous ne me répondez pas, mais dites-moi donc enfin, quelle bru voulez-vous ?…

— Jamais, monsieur Aymar, je ne permettrai que le sang chrétien des Rochegude se