Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/268

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— Assez, assez, mon père ! tout cela me tue ! Vous êtes de roche, je serai de fer ! je partirai demain, adieu !

— Vous ne partirez point ! entends-tu ?…

— Mon père, je partirai : mais, terre et ciel ! qu’a donc cette union de si fatal ? Dites-moi ce qui vous rend si farouche ?

— Une Bohémienne !… une damnée !… Le sang des Rochegude est chrétien !

— Ô mon Dieu ! vous faites sonner bien haut votre sang chrétien : que vous importe chrétien ou more ? n’êtes-vous pas si religieux, n’avez-vous pas tant de foi !… Je suis sûre que vous ne croyez pas en Dieu ; est-ce pas que vous n’y croyez pas, en Dieu ?…

Rochegude, à ce mot, se dressa subitement ; saisi d’une fureur démoniaque, il étreignit un couteau par la lame, et, la main teinte de sang, il frappait du manche sur la table.

— Va-t-en, va-t-en, brigand, je te maudis ! Et de l’autre main, saisissant la chevelure de son fils, il le traîna, par terre, au long du corridor, et le précipita par l’escalier.