Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/279

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Holà ! au secours ! à l’assassin !

— Vous appelez en vain, personne ne viendra ; et, d’ailleurs, puis-je pas vous faire taire ? J’ai là une provision de cordes et de quoi faire des bâillons.

— Traître ! lâche ! tuez-moi !

— Je ne m’effraie pas pour si peu ; j’ai l’habitude de cela, moi ; ce qu’on obtient de gré pour moi est sans valeur, c’est le viol que j’aime !… Aussi, à la dernière guerre d’Allemagne, m’étais-je enrôlé volontaire ; et, Dieu sait ! que j’y ai semé plus de Français que je n’y ai tué d’Allemands. Vous avez beau vous débattre, la belle, on n’est pas forte ! Je ne m’effraie pas, vous dis-je, j’ai l’habitude de cela ; je viole une fille comme vous touchez de l’épinette, et je tue, au besoin, comme vous brodez une fraise.

— Ô mon pauvre fiancé !…

— Ah ! ah ! à ce qu’il paraît, nous sommes fiancée ?… Très bien, la nuit est sereine, causons : vous êtes fiancée, ma belle vierge ?… Votre fiancé s’en passera : ce n’est pas toujours le pêcheur qui mange l’alose ; c’est ainsi qu’en ce monde, on ne peut compter sur rien ; Guillot bat, et c’est Charlot qui engraine. Oh ! que vous