Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/291

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cavaliers ; les valets et les mulets chargés de valises se tenaient à l’arrière.

Arrivés vers un champ nommé la Madeleine, sépulture des suppliciés, Golgotha des Israélites, le cavalier qui caracolait en avant dit à un vieillard qui creusait une fosse :

— Brave homme, quelle heure peut-il être maintenant ?

— Trois heures environ ; vous êtes aux portes de la ville.

— Merci, mon brave ! Mais pour qui donc cette fosse que vous creusez si matin avec tant de hâte ?

— Seigneur, c’est pour enterrer une belle enfant retrouvée hier dans la Saône.

— Bien jeune ?

— Dix-sept ans, seigneur.

— Mais ce champ, brave homme, n’est pas une terre sainte ?

— Seigneur, c’est vrai, mais c’est le cimetière des meurtriers et des juifs.

— Des Israélites !… Sauriez-vous le nom de cette jeune femme ?

— Si je ne me trompe, c’est Dina, fille d’un nommé Israël Judas, lapidaire.