Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’écroule dès qu’on y met la hache. — Le colonel Vogtland, quel est-il ? quelle liaison a-t-il avec Philogène ? pourquoi ce message ?… — Après une longue indécision, une longue lutte, pour sortir de son angoisse, il va briser le cachet de cette lettre qui contient la condamnation sans appel ou l’acquittement solennel de sa maîtresse, ignominieusement suspectée, flétrie sous le poids d’une infâme accusation au secret tribunal de son cœur.

— Moi, briser ce cachet ?… Mais non je suis fou ! s’écrie-t-il ; une fois ouverte, qu’en ferais-je si Philogène en sortait glorieuse ? Je m’avilirais trop à ses yeux, moi jaloux, indiscret, traître ! Car c’est une trahison que de venir rompre un sceau pour entrer botté, éperonné, dans une pudibonde confidence. — Oui, mais si j’étais trompé ! qui me le dira ?… qui me dira que je ne suis pas la grossière dupe d’une dévergondée ? Faudra-t-il que j’attende qu’on me le crie dans la rue ? que j’entende rire sur les portes quand je passerai avec elle à mon bras ? que j’entende murmurer autour de moi : — C’est aujourd’hui son étudiant. — Je le préfère à son avant-dernier. — Il faut être sans pudeur, un