Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeunesse, ma vie, à qui j’ai juré éternelle foi ; oh ! non, bien sûr ; elle ne saurait, elle n’oserait tromper ! Non, non, Philogène, tu es pure et fidèle !

Alors Passereau, s’approchant d’une croisée, fit bâiller la lettre sous ses doigts, et promena dans l’intérieur son œil enflammé, son regard avide. — À chaque mot qu’il déchiffrait, il frappait du pied et poussait de profonds gémissements.

— Grand Dieu ! les pressentiments sont donc ta voix, car ta voix seule ne ment jamais !…

Horreur ! horreur !… Ah ! Philogène, c’est bien atroce !… Moi qui, ce matin encore, aurais répondu de toi sur ma tête et ma vie ; moi, qui aurais démenti Dieu ! si Dieu t’avait accusée. Ah ! c’est abominable ! ah ! c’est infâme ! Mais, prenez garde ! on ne sait pas ce qui reste en mon cœur, quand l’amour n’y est plus. Prenez garde !

C’est bon vous, monsieur le colonel ; c’est bon, monsieur Vogtland, j’y serai aussi, au rendez-vous ! nous y serons tous trois !…

Épuisé, il se laissa choir de sa hauteur sur le canapé, et, la tête cachée dans ses mains, il pleurait à chaudes larmes.