Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/411

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tiens à la vie certes, tu as bien le droit de vivre, puisque l’échafaud ne te réclame pas ; tu peux porter fièrement ta tête sur l’épaule, ce n’est plus aujourd’hui une tête séditieuse, la fournaise ne contient plus que du mâchefer ; tu peux la porter crânement, cette tête pacifique, avec privilège du roi et autorisation de M. le maire. En outre, n’habites-tu pas les champs ? et les champs attachent à l’existence. En vérité, quoi de plus attrayant ! Là, des vaches ; là, une meule de foin ; là, un étang qui coasse ; là, des batteurs en grange ; là, une ânesse qui brait ; là, un margouillis qui clapote ; là, un champ de betteraves. Quoi de plus entraînant ? c’est un charme irrésistible, je le sens !… Une seule chose me plairait moins peut-être, la monotonie, la sempiternelle physionomie de la nature : toujours de la pluie et du soleil, du soleil et de la pluie ; toujours le printemps et l’automne, le chaud et la froidure ; toujours, à tout jamais. Rien n’est-il plus ennuyeux qu’une fixité, qu’une mode inamovible, qu’un almanach perpétuel. Tous les ans, des arbres verts et toujours des arbres verts ; Fontainebleau ! qui nous délivrera des arbres verts ? Que cela m’ébête !… Pourquoi, non plus de va-