Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/414

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tour à tour, et, tour à tour, les brisait sur le plancher : ensuite, avec un rire goguenard et haussant les épaules de dédain, il lacéra et jeta au feu tous ses livres ; et, s’armant d’une hache appendue en trophée, il mit en pièces, l’un après l’autre, les meubles qui garnissaient son logis. Le carreau était couvert de débris, et le feu de la cheminée s’étendait dans la chambre. Son mauvais cœur palpitait de joie : il ne voulait rien laisser après lui qui pût être utile, rien ; il ne voulait pas qu’après sa mort, on se partageât, le rire sur la lèvre, ce qu’il avait possédé ; qu’un autre après lui vînt aimer un objet qu’il avait aimé ; qu’un autre promenât ses dépouilles au soleil. S’il avait eu de l’or, il aurait été le jeter à l’eau ou l’enfouir, tant son aversion pour les hommes était profonde, tant il abhorrait l’héritage. Ce n’est pas lui qui aurait fait planter des arbres sur sa tombe pour abriter le voyageur lassé pendant le midi ; il aurait plutôt fait creuser une chausse-trappe sur sa fosse pour y engloutir le voiturier égaré ou le piéton perdu dans l’herbe haute.

Satisfait de sa dévastation, il s’assit sur ces ruines, comme l’architecte Fontaine s’asseoirait