Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’étais pas somnambule : j’ai feint de ne pas comprendre, et, sans me déconcerter, j’ai répondu que cela pouvait bien être.

Ils étaient presque au bas du sentier rapide qui conduit à la source ; la lune avait disparu, le ciel était noir, quelques éclairs passaient comme des phosphores à l’horizon, Flava était appuyée sur le bras de Champavert, qui froissait dans sa main une branche de verveine.

— Quelle odeur plus suave que cette verveine des Indes ! Aimes-tu les fleurs, Flava ?

— Beaucoup.

— Toi, aimer les fleurs, Flava, c’est de l’amour-propre ! aimes-tu les parfums ?

— Beaucoup.

— Pour moi, je les aime follement ! on dit que cela sied mal à un homme, que m’importe ! je n’en suis pas plus efféminé pour cela. Si je me laissais aller, je remplirais mon logis de plantes balsamiques, je me chargerais de senteurs comme une petite maîtresse. Quand je suis accablé, une branche de chèvrefeuille odorant est pour moi toute une consolation.

Bien des cavaliers montent la garde pour une belle, à son balcon ; moi, je la monterais