Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/46

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bon dîner chez notre ami Arnauld de Royaumont !… De son appartement, qui donne sur la Grève, j’ai vu exécuter ces sept conspirateurs que nous avions condamnés il y a quelques jours : quel délicieux repas ! à chaque bouchée, j’allais voir tomber une tête !…

— Pauvres béjaunes ! croire encore à la patrie ! ces messieurs voulaient faire les Brutus ! les Hempden !…

— N’ont-ils pas eu l’effronterie de vouloir parler au peuple du haut de l’échafaud ; morbleu ! comme on leur a vite coupé la parole et la tête ! ce qui ne les a pas empêchés préliminairement de hurler à tout rompre : Vive la patrie ! vive la France ! mort au tyran !… mort au tyran !… Pauvres bêtes !… Il ne faut pas de ménagement avec ces brigands ; zeste ! il faut expédier ça au bourreau : sans cela, mais, corbleu ! sa majesté l’Empereur ne pourrait dormir tranquille une seule nuit.

À en juger par ces bribes, la conversation n’aurait pas laissé que d’être très édifiante, et il est bien regrettable pour l’honneur de la magistrature que ce maudit nègre n’ait pu en recueillir davantage.