la cour d’assises, pour la connaître tout à fond ; et qui, rancunière, jouissait, par avance, du spectacle rare d’une fille noble sur la sellette et l’échafaud.
À l’hospice, on avait d’abord désespéré des jours d’Apolline, mais on l’entoura de tant de soins, sur la recommandation de Messieurs de la justice, qui redoutaient que la mort ne tranchât la question sans eux et n’empiétât sur leurs droits et sur ceux du bourreau. Au bout d’une semaine environ, elle commença à recouvrer quelques forces, et la connaissance lui revint.
Son étonnement fut grand et douloureux quand elle se vit dans une salle d’hôpital. Elle n’avait aucune souvenance de ce qu’elle avait fait, ni de ce qui s’était passé : ainsi qu’un ivrogne au réveil ne conserve aucune idée des folies de son ivresse. Elle questionna, on ne lui répondit que vaguement.
Quand elle fut parfaitement rétablie, on vint lui annoncer qu’on allait la transférer à la prison de la Force.
— À la Force ! s’écria-t-elle, eh ! pourquoi ?
— Sous prévention d’infanticide.
— Moi ! Oh non, vous êtes fous !…
— Vous avez jeté votre enfant dans un égout.