Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/90

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— Cette enfant est égarée, dit froidement M. de l’Argentière, dont la morne physionomie n’avait pas laissé paraître la plus légère émotion.

— Emmenez l’accusée ; et nous, messieurs, passons dans la salle de délibération, ordonna le président.

Au bout d’un quart d’heure, la cour rentra en séance : le jury ayant répondu affirmativement à toutes les questions posées, le président fit lecture de la sentence, qui condamnait Apolline à la peine capitale.

Elle écouta son arrêt avec dignité, et dit seulement, se tournant du côté de l’accusateur public : — Ceux qui envoient au bourreau sont ceux-là mêmes qui devraient y être envoyés !

Son défenseur, égaré, pleurant et se heurtant le front, se jeta dans ses bras, et l’embrassa, au grand scandale de la cour, qui demanda si elle voulait se pourvoir en cassation. — Oui, répondit Apolline, mais au tribunal de Dieu.


Le matin du jour, on lui envoya un prêtre pour se préparer ; il ne sortit plus d’auprès d’elle. Apolline lui ayant naïvement raconté son histoire, le pauvre homme, convaincu de son