Page:Borel - Champavert, 1833.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maudit soit de Jaquez Barraou ! Ma poitrine est plus brûlante que si j’avais avalé du cubèbe et du piment. Jalousie ! tu me mâches le cœur avec une dent plus incisive que la dent du serpent ! Quand je veux te repousser, c’est alors que tu m’assièges ? Te repousser ? Au fait, et comment ?… Ils ne m’ont pas même laissé le doute ; car, l’autre soir, quand je revenais de la ville, pour la troisième fois je l’ai surpris fuyant près de la case ; il en sortait à coup sûr… Oui, je l’ai vu, infâme Juan Cazador, que venais-tu tenter auprès de mon Amada ? Tenter… que je suis bon !… Eh ! qui m’a répondu d’Amada ? Oh non ! mon Amada, tu es pure, oui !… cependant dois-je le croire ?… les femmes sont si fourbes. Cruel sort ! horrible incertitude ! bientôt j’en sortirai ou de la vie. Ami faux, toi que j’appelais mon Juanito ; toi qui m’as connu plus petit que cette chèvre ; toi qui, tant de fois, avec moi, t’endormis ivre mort sur la même natte, bien avant dans la nuit ; nuit d’épanchements et de rêves plus doux que ceux apportés par le sommeil ! Que de tafia ! que de cigaritos !… Ces temps sont déjà bien loin, pauvre Barraou ! Tu fêtoyas ta jeunesse ; et maintenant