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en possède juste un demi-quarteron : vous êtes loin de compte.

Tenez-vous opiniâtrément à compléter le demi-quarteron ? sérieusement affectionnez-vous les obélisques (car, pour moi, je ne puis vous le dissimuler, j’ai le malheur de préférer long comme le bras de flèche de Strasbourg à deux cents aunes de monolithe) ? Suivez mon conseil, faites-en vous-mêmes. Qui vous empêche d’en faire ? Il faudrait avoir une très-insultante opinion de nos artisans pour les croire incapables d’un pareil travail. Allez en Provence, dans le diocèse de Fréjus, où le porphyre abonde ; à l’Esterel et à Roquebrune. En allant de Roquebrune au Muy, vous rencontrerez une montagne qui en contient des masses de plus de soixante pieds de haut, sur une largeur considérable. Vous pourrez y tailler, comme les Romains le firent autrefois, des colonnes semblables à celles qu’ils tiraient de la Haute-Égypte ; vous pourrez y fabriquer à foison des obélisques ; et, certainement, des obélisques de porphyre français, travaillés par des artistes français, vaudront tout autant que des obélisques de granit et d’Égypte.


Haro ! haro sur le baudet ! vont, à ce mauvais propos, s’écrier les savants ; imbécile ! vont-ils me dire, les obélisques n’ont point une valeur intrinsèque ; ils n’ont de valeur seulement que par les souvenirs qu’ils renferment, les souvenirs dont ils regorgent. Songe donc, idiot, que l’obélisque de Louqsor, par exemple,