Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/126

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C’est Berton ! bien petit au sommet de l’échelle,
              Qui fut brave et tomba poltron ;
Puis ces quatre sergents, héros de la Rochelle,
              Puis cet infortuné Caron ;
Puis, tout criblés de plomb, le fier Labédoyère,
              Les Faucher, Mouton-Duvernet,
              Et cet autre foudre de guerre,
              Le malheureux maréchal Ney !

Puis, découvrez encor ces victimes sanglantes
              Que fit tomber l’arc Saint-Denis :
Hélas ! à vous venger nos haches furent lentes,
              Martyrs, que vos noms soient bénis !
Et vous, qui sur le front avez une auréole,
              Vous qu’à regret la mort cueillait,
              Salut, Farcy ! salut Arcole !
              Salut aux héros de juillet !

Eux seuls auraient le droit de prendre la balance
              Et d’absoudre leur assassin ;
Mais la mort est muette, et, comptant son silence,
              Vous caressez votre dessein.
Mais lorsqu’ils sont tombés, ils ont crié vengeance !
              Vous l’avez entendu crier ?
              Allons, un peu moins d’obligeance,
              Il faut la mort au meurtrier !