Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/28

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Tu me dis : — Viens, mon rhapsode,
Viens chez moi finir ton ode ;
Car ton ciel n’est pas d’azur,
Ainsi que le ciel d’Homère,
Ou du provençal trouvère ;
L’air est froid, le sol est dur.

Paris n’a point de bocage,
Viens donc, je t’ouvre ma cage,
Où, pauvre, gaiement je vis ;
Viens, l’amitié nous rassemble,
Nous partagerons, ensemble,
Quelques grains de chenevis. —

Tout bas, mon âme honteuse
Bénissait ta voix flatteuse
Qui caressait son malheur ;
Car toi seul, au sort austère
Qui m’accablait solitaire,
Léon, tu donnas un pleur.

Quoi ! ma franchise te blesse ?
Voudrais-tu que, par faiblesse,
On voilât sa pauvreté ?
Non, non, nouveau Malfilâtre,