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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/212

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Sa tête cependant de neiges est chargée ;
Dis-moi, quel est son nom, femme ?

LYDIE

C’est le Pangée.

PAUL

Et ce fleuve qui coule à ses pieds ?

LYDIE

Le Strymon ;
Tout près, le Gangitès.

PAUL

Oui, l’on m’a dit ce nom.
N’est-ce pas sur ses bords, près d’une source vive,
Que s’élève à présent la synagogue juive ?

LYDIE

Non ; les Juifs ne sont pas dans Philippes nombreux :
Un oratoire simple est suffisant pour eux ;
Un rocher sert d’autel, et la voûte des arbres
Y remplace pour nous les jaspes et les marbres.

PAUL, regardant toujours l’horizon.

C’est beau, ce vaste azur sous ce soleil de feu ;
C’est le reflet humain de la face de Dieu ;
Si l’ombre y passe, hélas ! les hommes seuls l’ont faite !

(Tournant les yeux vers Lydie.)

Merci, femme. — Bientôt tu seras satisfaite.
Allons, Faustus, allons ! Ces anneaux et ces clous…
Travaillons !… Le travail est un maître jaloux.

MÉGARA, s’approchant de Paul.

Laisse-le reposer ; la fatigue l’accable ;
Le travail est jaloux, mais non pas implacable.
C’est moi qui t’aiderai.

(Elle lui tend les anneaux et les clous.)
PAUL

Très bien même, je vois.