Toi gouverneur romain !
Rabbin, de l’eau de neige !
Mêles-y ce Falerne opimien.
Un peu.
Elymas, qu’en dis-tu de ce vin ?
C’est du feu !
Que leur reproche-t-on à ces chrétiens, en somme ?
Attaquent-ils César et le pouvoir de Rome ?
Non, ils sont trop prudents pour commencer déjà ;
C’est notre foi d’abord que leur secte outragea,
Le Sanhédrin, le Temple et la loi de Moïse.
Si ce n’est que cela, qu’ils fassent à leur guise ;
Tant qu’ils respecteront l’empire et l’empereur,
Rome les voit sans crainte ainsi que sans fureur.
Quoique Juive, Elymas, j’ose penser de même.
Car les chrétiens, au fond, sont des Juifs.
Quel blasphème !
Ce sont les Pharisiens qui répandent ces bruits ;
Mais les Sadducéens, les vrais Juifs, dont je suis,
Hommes de foi rigide et de doctrine exacte,
Avec ces vils chrétiens n’admettent aucun pacte.
Ils ressemblent aux juifs, en effet, comprends-tu ?
Comme le vice impur ressemble à la vertu ;
Leurs dogmes sont encor plus atroces qu’étranges,
Et les Samaritains sont auprès d’eux des anges !