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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/230

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D’Israël la famille ingrate
Vit jadis tomber son orgueil
Au bord du Nil et de l’Euphrate…
Épargne-nous le même deuil !

Quand pour la bataille dernière
Nos ennemis se lèveront,
De leurs nouveau-nés sur la pierre,
Dieu puissant, écrase le front !

Confonds dans ce terrible exemple
Nos ennemis, qui sont les tiens,
Tous ceux qui haïssent ton temple !
Et les païens et les chrétiens !

ELYMAS

Levez-vous à présent. C’est l’heure expiatoire
Où chacun, recherchant au fond de sa mémoire
Ses fautes que le jeûne ou le deuil expia,
Obtient le grand Pardon. — Approche, Lydia ;
Au tribunal sacré le prêtre te défère.

LYDIE

Non, rabbin, je n’ai pas de reproche à me faire.

ELYMAS

Aucun ?

LYDIE

Non.

ELYMAS

Ta mémoire est courte ; mais la loi
Veut que le prêtre ici se souvienne pour toi.
Hier tu dédaignas, pour un chrétien infâme,
La parole de Dieu, la mienne ! Tremble, femme !
De ton impénitence et de ton déshonneur
Se détourne à jamais la face du Seigneur ;
Sur toi, sur ton orgueil, qui partout t’accompagne,
Les filles de Gallim pleurent dans la montagne,
Car, semblable à l’épouse infidèle, tu mets