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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/256

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MÉGARA

Plus d’inquiétude alors en nous quittant !

(Les esclaves prennent les ballots des mains de Faustus et les portent
dans le navire. Mégara s’arrête avec lui un moment.)

Regarde : que c’est beau la mer ! Es-tu content ?
On dirait qu’à partir chaque flot vous invite !
Voyager, c’est charmant ! — Tu nous oublieras vite.

FAUSTUS

Non, Mégara.

MÉGARA, riant nerveusement.

Pourquoi ? C’est très gai, le départ !
Vois-tu ? les matelots chantent de toute part !
Non, je ne comprends pas que celui qui demeure
Soit si triste… D’ailleurs, moi, jamais je ne pleure,
Ne pleure pas non plus.

FAUSTUS

Mégara…

MÉGARA

C’est égal,
C’est très gai le départ, mais cela fait bien mal !

(Elle tombe en sanglotant dans les bras de Lydie.)
FAUSTUS

Mégara !

PAUL

Reste ici, Faustus !

FAUSTUS

Te laisser, maître ?

PAUL

Ta présence là-bas me gênerait peut-être ;
À ton âge, on n’a pas la force qu’il faudra
Pour supporter… et puis, regarde Mégara !

FAUSTUS

Maître…