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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/261

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PAUL

Laquelle, mon enfant ?

GYRINE

Là-bas, bien loin, en Thrace,
J’ai laissé mes parents, un vieux père, une sœur,
Esclaves comme hier je l’étais. La douceur
De connaître le Dieu que tu m’as fait connaître
Soulagerait leurs maux ; laisse-moi partir, maître.

PAUL

Tu veux partir, Gyrine ? Eh quoi ! ne sais-tu pas
Que l’esclavage peut te ressaisir là-bas ?
Que peut-être la mort…

GYRINE

Je le sais, mais n’importe !
Contre tous les dangers, maître, je serai forte.
Toi-même tu l’as dit, hier, dans les tourments :
« Nous devons tous nos jours, jusqu’aux derniers moments
« À notre œuvre sacrée, et tout homme est coupable
« S’il ne fait tout le bien dont il était capable. »
Tu n’as pu nous tromper, puisque Dieu le défend.

PAUL, après un long silence.

C’est vrai. Tu partiras avec moi, mon enfant !

(Gyrine rentre dans le navire.)


Scène IX

LYDIE, PAUL
PAUL

Lydia ! Lydia !

LYDIE

Paul, je crains de comprendre.