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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/27

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RADBERT Sur l’échiquier au hasard on les jette ; On lit, d’après la case où chaque dé s’arrête, Le nom des trois vertus que désigne le sort, Et Ton doit, tout le jour, par un sincère effort, Pratiquer ces vertus, petites ou majeures. THÉOBALD Tout le jour, seulement ? RADBERT Le jour de vingt-quatre heures 1 Essayons. THÉOBALD, regardant au dehors. Sire moine, il me semble là-bas Voir venir... C’est le comte Amaury, n’est-ce pas ? Oui, messire, c’est bien le comte, notre maître ; Je ne me trompe pas : j’ai pu le reconnaître ; C’est bien son gonfanon vert et bleu... Quel bonheur, De le revoir enfin, notre maître et seigneur ! Certes, c’est qu’il n’est point, du Rhin à l’Aquitaine, De cœur plus généreux et d’âme moins hautaine ; Seulement dites-moi, messire chapelain, D’où vient qu’à la tristesse il est toujours enclin ; Excepté quand son fils est là, l’on pourrait croire Que quelque souvenir tourmente sa mémoire... RADBERT, vivement et montrant la table où il conduit Théobald. C’est le jeu des vertus qui répondra pour moi. — Jette un dé. THÉOBALD, jetant un dé et lisant sur l’échiquier. « De juger tes maîtres abstiens-toi. » RADBERT, prenant Théobald par l’oreille. Tu vois l (A part.) Notre âme en vain se voile et se retire, Le regard d’un enfant saura toujours y lire !