Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/16

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ŒUVRES COMPLETES Il n’est qu’une mode immuable : Celle qui veut que, prose ou vers, Nos livres puissent, sur la table, Aux yeux de tous rester ouverts, Le mien le peut. — Je sais la vie ; J’ai monté par d’âpres chemins, Je sais que tout ce qu’on envie S’écroule ou s’enfuit sous nos mains ; Parfois, dans le doute ou le blâme, A l’heure où les cieux sont couverts, Une ombre me passait sur l’âme... Mais l’ombre n’est pas dans mes vers Jamais, d’une lèvre flétrie, Je n’outrageai, pas même un jour, La liberté, Dieu, la patrie, L’art sévère et le chaste amour ; Si j’avais cédé, lâche et traître, Au démon que j’ai combattu, Je sais qui me louerait peut-être... Toi, ma fille, que dirais-tu ? Mars 1881.