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LES DEUX VIEILLESSES

I

orsque je vois passer des vieillards, je m’arrête ; L’âge du même poids ne courbe point leur tête ; L’un marche droit, et l’autre a peine à se mouvoir, Les uns sont restés beaux, d’autres sont laids à voir... Pourquoi donc ? Et d’où vient que la nature laisse Éclater ses faveurs jusque dans la vieillesse, Et que Dieu n’a pas mis sur ces fronts blanchissants L’auguste égalité, la majesté des ans> Non, Dieu n’est point coupable, et la mère nature Ne nous dispense pas ses dons à l’aventure. L’ordre règne dans tout : la beauté du vieillard, Faite d’âme et d’esprit, ne tient pas au hasard, Et dès qu’il peut penser et qu’il devient son maître, L’homme prépare en lui le vieillard qu’il doit êtrel