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Page:Bosquet - Guide manuel de l’ouvrier relieur - 1903.djvu/316

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cant de notre époque ne consentirait à passer par les anciens errements, qui seuls pourraient nous rendre les peaux solides d’autrefois. On fait certes encore de fort belles reliures en veau ; c’est même le genre de peau la plus difficile à travailler en reliure, et celle qui fait le plus d’honneur au relieur qui la réussit parfaitement, mais sous le rapport de la solidité elle laisse beaucoup à désirer. Il en est de même de la peau de truie, et même du cuir de Russie. C’est beau, très beau, mais peu durable sur un livre usuel, et cela grâce au tannage tel qu’il se pratique de nos jours. Ces peaux manquent surtout de solidité du côté de la fleur, et le relieur doit surtout pouvoir compter sur ce côté de la peau. Les coiffes et les angles des cartons ne peuvent être formés que par le sacrifice de la plus grande partie de la chair, qu’il faut enlever au paroir. Il va de soi que nous n’attribuons pas la faiblesse de la fleur de ces peaux à la nature même de celles-ci, mais cette partie devient forcément plus faible à la suite des diverses opérations qu’on leur fait subir au tannage et à la teinture. Ils durcissent la fleur au point de la rendre parfois un peu cassante, ce dont le couvreur s’aperçoit, si en couvrant le volume il tire un peu trop la peau, pour la tendre sur le carton, cette traction provoque dans la fleur des petites cassures que l’on a ensuite beaucoup de peine à dissimuler. Il n’en est pas ainsi de la peau de chèvre ou maroquin, dont la partie la plus solide est précisément la fleur, et cela surtout à cause des facilités avec lesquelles on parvient à tanner et à teindre ces peaux. Le relieur qui les emploie doit porter son attention sur celles qui ne sont pas sujettes à se corner ; défaut très grave occasionné par la fabrication et surtout par la teinture. Celles qui sont exemptes de ce vice, ce que le relieur doit être à même de