Page:Bosquet - Guide manuel du doreur sur cuir, 1903.djvu/23

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lui. Elle ne fut pourtant exercée avec quelque succès que par ceux qui, à cette époque et pendant une longue période encore furent les ardents producteurs du livre. C’est dans le silence des cloîtres par les soins patients des moines que le livre et aussi la reliure reprirent peu à peu la forme artistique qui fit dès lors l’admiration des amateurs et des curieux et provoqua par la suite l’émulation des praticiens.

La préparation des peaux pour la reliure fut toujours pour ceux qui habillaient le livre l’objet de leur constantes préoccupations et en dehors des reliures de luxe que l’on recouvrait des plus beaux tissus en même temps que de pièces d’orfèvrerie ; les livres usuels étaient recouverts avec des peaux. Les uns en vélin, d’autres, de différentes espèces plus ou moins bien préparées. On a même souvent recouvert des reliures avec des peaux tannées avec le poil ; c’étaient surtout des peaux de daim et de chevreuil avec lesquelles on habillait les livres, en plaçant le titre de l’ouvrage sur le plat sous une petite plaque de corne transparente encadrée de cuivre, telle une étiquette enchâssée dans la couverture. Certaines reliures étaient revêtues avec des peaux de ce genre dépassant les plats de manière à envelopper le volume comme dans un sac.

Tant que la préparation des peaux ne se fit qu’à l’état rudimentaire, on n’eût aucun souci de leur ornementation ; mais le désir de faire concourir au revêtement des livres de luxe des matières plus solides et plus durables que les tissus de divers genres qu’on leur avait affecté jusqu’alors, fit comme nous l’avons dit plus haut que l’on s’ingénia à les orner. Il fallait pour cela des peaux spéciales ; on choisit le vélin épais, le veau naturel ou légèrement bruni et la peau de truie, comme étant celles qui, à cette époque, réunissaient le mieux