Page:Bosquet - Guide manuel du doreur sur cuir, 1903.djvu/35

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Nous n’y avons vu tout d’abord que peu d’obstacles ; il serait même de tous points préférable de pouvoir appliquer le nom d’un contemporain, homme de talent dont nous possédons une œuvre très remarquable signée et à peu près datée, qu’un simple surnom à tant de merveilleux spécimens de l’art du relieur et surtout du doreur à la main. Mais il résulte de découvertes récentes : que Le Gascon était l’aîné de Fl. Badier, de près d’une génération ; qu’ils se sont connus, mais que le premier, déjà à la fin de sa carrière, n’a pu être pour le second, qui était essentiellement relieur, qu’un collaborateur de la dernière heure, ou, ce qui est plus probable, son conseiller ou initiateur en l’art d’orner les reliures. Il est à peu près certain que ce nom de Le Gascon n’est qu’un surnom. Nous demeurons pourtant fermement convaincus que nous nous trouvons en présence non d’un relieur, mais d’un doreur de grand talent exerçant son art dans un atelier à part, et se tenant à la disposition (comme l’ont fait depuis, et surtout de nos jours, un grand nombre de praticiens, dont quelques-uns étaient et sont encore des artistes de grand talent) des relieurs qui lui confiaient leurs reliures à dorer.

Ce qui nous fortifie dans cette conviction, ce sont des différences de formes très caractérisées, que nous avons remarquées entre les nombreux spécimens de reliures qu’il nous a été donné de voir et qui, attribuées à Le Gascon, justifiaient plus ou moins cette paternité sous le rapport des dorures, mais qui n’avaient certainement pas été exécutées par le même relieur. Il serait intéressant de convoquer un jour les possesseurs des chefs-d’œuvre attribués au maître, de les réunir en une exposition, et de faire trancher cette question par des praticiens et amateurs compétents.