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des cornemuses ; en haut et en bas par des ornements, des fleurs, des feuillages et des oiseaux d’une extrême finesse. Cette reliure, ainsi qu’une autre du même genre, quoique inférieure, ont été exactement reproduites dans l’ouvrage de M. L. Gruel (déjà cité).

On doit au même artiste un autre chef-d’œuvre du même genre de reliure (reproduit par Danel) appliqué à un volume in-4o c. : l’Imitation de Jésus-Christ, édition de 1640. L’ornementation se compose (chose bizarre et qui ne peut provenir que d’un caprice de grand seigneur) de sujets se rapportant plutôt à des contes des Mille et une Nuits qu’à un livre religieux. Les compartiments du dos et les deux plats sont uniquement composés de sujets et de figurines chinoises, reproduits en mosaïque de couleur du plus charmant effet. Ce chef-d’œuvre, qui fait partie de la bibliothèque de M. le comte de Sauvage, a été attribué par erreur à Padeloup ; mais la signature, Monnier fecit, que l’artiste a répétée sur les deux plats, telle qu’il avait l’habitude de le faire sur ses reliures, ne permet aucun doute à cet égard.

Mais ces travaux, tout à fait exceptionnels, ne sauraient caractériser une époque déjà très mercantile. L’ornementation de la reliure qui, aux époques antérieures, prenait sa source dans la pureté et la finesse des lignes, ainsi que dans le raffinement que les vrais artistes apportaient à leur exécution, se bornait alors à placer quelques fers lourds produisant beaucoup d’effet avec peu de travail. On fit des roulettes pour encadrer les plats, des fleurons pour placer dans les coins, des armoiries dont on exagérait les formes massives pour placer au milieu, et c’était tout. On fit également des plaques composées de pièces rapportées que l’on dorait à la presse.