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v
introduction.

vince que dans le reste de l’Europe. N’est-ce pas, parmi ces croyances et ces doctrines occultes, celles qui se rattachaient aux dogmes du paganisme, qui, les premières, ont succombé ? À la vérité, le peuple les a conservées dans sa mémoire, même jusqu’au temps présent ; mais, depuis de longs siècles déjà, il a cessé d’obéir à leur impulsion dans ses actes de piété et de conscience. Ainsi, à mesure que les idées chrétiennes ont pris un ascendant plus réel sur les esprits, le culte des monuments druidiques a été graduellement négligé, et l’influence miraculeuse que l’on attribuait à ces pierres sacrées, a été transportée à d’autres simulacres, dont le choix appartenait à une dévotion mieux éclairée sans doute, mais non absolument exempte d’erreur. De même, parmi les êtres surnaturels qui prétendaient, croyait-on, à régenter la race humaine, quels sont ceux qui ont acquis un empire plus étendu, qui ont le plus occasionné, par la foi qu’on leur ajoutait, de troubles funestes et d’épouvantables catastrophes ? N’est-ce pas la sombre phalange des démons armés de cornes et de griffes ? Il est même certain que, sans leur alliance intime avec l’enfer, les fées, les lutins, les sylphes, et toutes les divinités des bois et des eaux, que nous avaient léguées les mythologies païennes, se seraient dispersées sans retour devant les anathèmes du christianisme. Seul, le patronage de Satan les a sauvés, et c’est parce que ces