Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
371
LÉGENDES RELIGIEUSES.

et individus Trinité de Fécamp, approuvé et certifié de plusieurs rois de France, abbés, prieurs, religieux, ducs de Normandie des siècles passés, archevêques, évêques et seigneurs de différents endroits, et, particulièrement de monseigneur de Villeroi[1].

Lorsque Joseph d’Arimathie eut, comme le marque l’écriture, obtenu de Pilate le corps de Jésus crucifié, il le parfuma d’aromates, et le descendit dans le tombeau, aidé, dans ces soins pieux, par un autre juif appelé Nicodême. Celui-ci, poussé par une inspiration d’amour divin, enleva, avec la pointe de son couteau, le sang qui était figé autour des plaies du Christ ; puis, l’ayant mis à couvert dans un gant, il le porta chez lui, et le renferma dans une cassette placée à un endroit secret de sa maison. Pendant tout le cours de sa vie, le juif Nicodême ne cessa de rendre à cette inestimable relique les hommages qui lui étaient dus. Lorsqu’il se sentit près de mourir, il la remit entre les mains d’Isaac, son neveu, auquel il fit comprendre l’attachement qu’il portait à ce trésor divin, dont l’effet serait de procurer l’abondance de tous les biens, tant spirituels que temporels, à ceux qui le conserveraient religieusement.

Isaac se pénétra des avertissements de son parent, et sut vénérer la sainte relique avec autant de confiance que d’amour. Mais l’influence miraculeuse du précieux talisman ne tarda pas à se manifester avec évidence ; car Isaac, qui jusqu’alors avait vécu dans un état humble et voisin de la misère, en vint tout-à-coup à acquérir des richesses et une haute considéra-

  1. C’est à Monseigneur de Villeroi, abbé de Fécamp, que remonte l’institution de la fête du Précieux Sang, célébrée, chaque année, le jour du vendredi de la Passion. Certains vestiges du cérémonial de cette fête ont survécu à la révolution. Ainsi, on voit encore maintenant, comme par le passé, les habitants d’Yvetot affluer à Fécamp, les jours de la Trinité ou de la Passion, pour accomplir un vœu perpétuel qu’ils ont contracté, à la suite d’une maladie pestilentielle dont ils obtinrent prompte guérison, par l’invocation de la divine relique. (André Pottier, Revue rétrospective normande.)