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CHAPITRE XXI.

moyennant qu’on fist le circuit et la danse qu’il enseignoit de faire à l’entour de cest édifice…[1] »

Rothomagus est supposé encore dériver : de rith, qui signifie gué ou passage de rivière ; en conséquence, on aurait dit primitivement Rithomagus ; ou de Rotobeccum, nom latin de la petite rivière de Robec, et de Magus ou Magum, qui, en langue celtique, signifie ville : la ville de Robec.

Cette dernière étymologie, que Farin attribue à Piganiol de la Force, a été adoptée, en partie, par T. Duplessis, qui traduit la syllabe Roth par rouge, et Mag par magasin, marché, en latin emporium. Rotobeccus ou Robec aurait été appelé rouge à cause de la couleur qu’il empruntait aux terres qu’il arrosait, de même que la rivière d’Aubette porte le nom de blanche : Albula. D’après cette nouvelle explication, on comprend que Rothomagus voudrait dire marché sur le Rouge, soit par allusion à la petite rivière de Robec, ou à la nature du terrain sur lequel se tenait le marché qui, suivant Duplessis, donna naissance à la ville[2].

Orderic Vital, après avoir mentionné comment Henry I fit bâtir, dans un lieu nommé le vieux Rouen, un château que, par mépris pour la comtesse Hedvise, il appela d’un nom qui signifiait vainqueur de la courtisane[3], entame une digression où il se complaît à expliquer l’origine de Rouen et l’étymologie de son nom :

« Je dirai quelque chose, d’après ce qui est rapporté dans les anciennes histoires romaines, sur le vieux Rouen, dont je viens de faire mention. Caïus Jules-César assiégea Calet, d’où le pays de Caux a pris son nom et le conserve encore, et attaqua long-temps cette place de toutes ses forces. Comme il s’était réuni là, de toutes les Gaules, d’implacables

  1. Taillepied, Antiq. et Singul., etc.
  2. Toussaint Duplessis, Description de la Haute-Normandie, t. II, p. 5.
  3. Mata Putenam, id est, devincens meretricem.