Il fut trois jours et trois nuits,
Ni sans boire, ni sans dormir.
Au bout des trois jours et trois nuits,
Sur son cheval il a monté.
Sa mère étant sur les balcons,
Avisit son gendre venir :
— Vraiment, fille, ne savez pas,
Voici votre mari qui vient.
Il n’y vient point en homme aimé,
Mais il y vient en courroucé.
— Montrez-lui votre petit fils ;
Cela le pourra réjouir.
— Bonjour, mon fils, voilà ton fils,
Quel nom lui don’ras-tu, mon fils ? —
A pris l’enfant par ses maillots
Et en a battu les carreaux.
Puis la mère par ses cheveux,
Et l’a attachée à son cheval.
N’y avait arbre ni buisson,
Qui n’eut sang de Marianson.
— Oh ! venez ça, rusé catin,
Où sont les anneaux de vos mains ?
— Prenez les clefs du cabinet,
Mes trois anneaux vous trouverez.
Quand il a vu les trois anneaux,
Contre la terre il s’est jetté :
— N’est-il barbier, ni médecin,
Qui puisse mettre ton corps en sain ?
— Il n’est barbier, ni médecin,
Qui puisse mettre mon corps en sain ;
Ne faut qu’une aiguille et du fil,
Et un drap pour m’ensevelir.[1]
- ↑ Citée par Bouchaud, Essai sur la Poésie rhythmique, Paris, 1753. — De nos jours, la complainte de Marie Anson a encore cours dans la littérature populaire, mais elle a changé de rédaction et de titre ; elle est intitulée : Adélaïde et Ferdinand, ou les Trois Anneaux, Elle s’im-