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offre comme le plus aimable échantillon de la Française, a quelque chose d’impertinent et de déluré qui entraîne souvent à prendre le parti de son ennuyeuse mère. On a beau dire, Armande, dont l’auteur a malicieusement exagéré les sentiments, se rapproche bien plus que sa sœur du type modèle de la jeune personne.

« Je ne parle pas de Tartufe ; je m’en suis dispensée ; je suis sûre que vous-même m’auriez blâmée, madame, si j’avais été jusque-là.

« Les moralistes ne m’édifient pas plus que les poëtes ; mais je comprends très-bien que leurs maximes gagnent le cœur de mon mari. Connaissez-vous, madame, ce passage de La Bruyère ?

« C’est trop, contre un mari, d’être coquette et dévote : une femme devrait opter.
« Si j’épouse, Hermas, une femme avare, elle ne me ruinera point ; si une joueuse, elle pourra m’enrichir ; si une emportée, elle exercera ma patience ; si une coquette, elle voudra me plaire ; si une galante, elle le sera peut-être jusqu’à m’aimer ; si une dévote, répondez, Hermas, que dois-je attendre de