lasse et m’irrite le plus de son dédain ou de son amour.
« Tenez, hier encore, après ma prière du soir, je faisais en esprit un pèlerinage à Notre-Dame-de-Lorette, pour expier, par mon culte, le sacrilège emploi que l’on a fait de ce saint patronage. Mon mari a jugé à propos de m’interrompre :
« — Adrienne, m’a-t-il dit, relève-toi ; je ne veux pas que tu restes si longtemps à genoux.
« C’est ainsi qu’il est touché du spectacle de ma prière. Comment pourrait-il se convertir : il ne se laisse jamais édifier ?
« Oui, madame, quand je reste le soir en prière ou en méditation, à genoux, plus d’un quart d’heure, mon mari, qui prétend que je m’impose une fatigue nuisible à ma santé, m’enlève de mon prie-Dieu, me prend dans ses bras et me couche sur son lit. Combien de fois, les dents serrées, la main sur la bouche, me suis-je fait violence pour retenir les terribles paroles prêtes à m’échapper :
« — Vous voulez me traiter en femme qu’on aime, lui aurais-je dit ; mais je ne veux pas être aimée par vous, qui êtes rebelle à Dieu !