Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/262

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n’était pas venu reprendre chez sa tante ses occupations industrielles : il était entré dans un séminaire. Le dépit de son échec auprès d’Adrienne n’avait eu qu’une bien faible part d’influence dans cette résolution. En livrant son chaste secret, elle s’était diminuée à ses yeux, et dans le silence de la réflexion, par cette seule expérience, il avait mesuré l’étroitesse de son esprit et le peu de générosité de son cœur.

Des considérations plus hautes avaient donc présidé à la décision du jeune Eusèbe. Intelligence souple, perspicace, élevée et pourtant timide, cœur ardent, âme fière, il s’était effrayé subitement, non des épreuves que le monde lui réservait, mais de la grossièreté de son contact et du peu d’espace qu’il offrait à l’exercice de son dévouement et de ses facultés affectives. Il aimait toutes les choses grandes, touchantes et pures, et son enthousiasme avait besoin d’expansion. Cependant il ne se dissimulait pas que, quelque mode d’interprétation que prît sa pensée, il lui faudrait un long travail avant de se faire écouter d’une foule dont l’attention est sollicitée de tant de côtés à la fois, par tant de talents divers. Dans l’état ecclésiastique, par