Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partirent dans l’après-midi. Félicien les accompagna ; mais Adrienne resta au château avec sa mère, madame Forbin, madame Caron et M. Eusèbe. Ces adieux réitérés avaient mêlé une nuance de tristesse à la mauvaise humeur qui avait pris la jeune femme quand son mari avait donné un prétexte pour retourner à Rouen. On avait avancé le dîner pour faciliter certains départs, et la journée en paraissait plus longue ; la dernière heure surtout était difficile à passer. En attendant le moment de faire un whist ou de prendre place à la table à ouvrage, Adrienne se tenait debout sur le perron, regardant vaguement la campagne. Eusèbe était à côté d’elle, droit et immobile, son bréviaire sous le bras. Elle se crut obligée de lui adresser la parole. Tout en causant, elle descendit le perron ; il la suivit, et bientôt ils se trouvèrent sous une des sombres avenues qui conduisaient au château.

Quand l’ombre vint en aide à sa timidité naturelle, Eusèbe demanda à Adrienne si elle vivait maintenant en meilleure intelligence avec son mari et si elle était plus heureuse. Quoiqu’il eût fait un effort sur lui-même pour articuler ces questions, il les posait avec assurance ;