Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/27

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« Félicien sans répondre continua pendant quelque temps à fixer sur moi ce regard profond, réfléchi, qu’il m’adresse souvent, et qui me fait toujours éprouver un malaise, une confusion impatiente, dont je ne puis non plus définir la cause ; car enfin, que cherche-t-il ainsi dans ma pensée qu’il semble scruter ?

« Le lendemain, Félicien prit des billets de chemin de fer pour Nancy. J’en fus un peu surprise, car c’était la première fois qu’il contrariait ma volonté. Je cédai, ne pouvant m’appuyer sur ton opinion. D’ailleurs, il me dit d’un ton qui n’admettait pas de résistance : — Ma chère amie, tu surveilles ton honneur, et moi le mien ; je ne débuterai point auprès de ta sœur par une lâcheté.

« Ce ne sont là, après tout, chère mère, que de légers nuages, et, aux complaisances délicates de Félicien pour moi, à ses attentions d’homme bien né, je reconnais qu’il est digne du choix que mon père et toi avez fait de lui. Ce qui lui manque encore — car je me mêle parfois de le juger — il le gagnera sous votre direction, à laquelle il ne refusera pas de se soumettre, je l’espère, quoiqu’il soit très-pénétré de ses propres idées.