Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/272

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Ils rentrèrent au château, et pendant les deux jours qu’ils passèrent encore chez madame Milbert, Adrienne initia Eusèbe aux secrets de ces dissensions intimes dont elle entretenait Mathilde autrefois. Elle ne rencontrait plus la complaisance molle, mais dénuée de sympathie, de son ancienne confidente ; c’était, au contraire, une fermeté zélée qui réprimait en elle jusqu’à la moindre velléité de révolte.

Il s’attacha à lui prouver que ce n’était point la religion même qui avait été en cause entre elle et Félicien, mais seulement une manière de l’interpréter et de l’appliquer, particulière aux préjugés du moment et tout humaine et transitoire.

Adrienne éleva cependant quelques objections. L’intolérance des enseignements qu’elle avait reçus lui rendait presque impossible d’admettre que les accommodements fussent si faciles entre ses complaisances de femme et ses exigences de catholique. Eusèbe, avec sa droite sincérité, aplanit toutes les difficultés qu’elle lui suggéra ; car les lumières de son intelligence n’étaient pas encore troublées par les préventions de l’esprit de corps, ni sa cons-