Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/310

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il sacrifie sans profit pour Adrienne, et il me presse de le suivre dans un lieu où nous vivrons uniquement l’un pour l’autre.

— Mais il est fou ! Ces choses-là ne se font pas. Est-ce que vous seriez capable, Cécile, de consentir à une action aussi déraisonnable ?

— Non, répondit-elle : il est juste que ma faute retombe sur moi ; après le bonheur, le châtiment. Je ne me plaindrai de rien si ma sœur est épargnée !

— Ne peut-on pas sauver l’une et l’autre ? dit madame de Nerville en réfléchissant.

La découverte que venait de faire Mathilde des sentiments de Félicien la surprit autant qu’elle lui fut désagréable. Elle avait connu des amours légères et frivoles, d’autres emportées et violentes ; elle n’avait pas prévu cette audace d’un caractère calme et d’une passion réfléchie. Un semblable éclat, qui dépassait la limite vague entre le bien et le mal, où l’on est à peu près sûr d’obtenir l’indulgence, froissait ses principes mondains, outre qu’il dérangeait ses plans d’avenir. Pour un scandale à huis clos, à la bonne heure !

Elle craignait surtout que madame Milbert et ses amis ne commissent quelque im-