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étrangères, M. de Chateaubriand. Ce fut dans la basilique de Saint-Pierre que fut résolu l’anéantissement de l’islamisme. La Russie s’empara de la Turquie, l’Angleterre reçut l’Égypte, la Prusse par compensation refit et compléta son territoire. La France se réserva Jérusalem et la Palestine, mais, toujours grande parce qu’elle est forte, elle n’en voulut pas la souveraineté. Elle releva l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, le divisa en autant de langues qu’il y avait de nations en Europe, et le constitua gardien des lieux saints. Les juifs s’y rendirent de toutes parts et reconquirent enfin leur nationalité après avoir reconnu, aux pieds du saint pontife, que le sanhédrin de Jérusalem avait crucifié le Messie. M. de Rothschild, qui avait donné l’exemple et fondé dix collèges, reçut le titre de duc de Saint-Jean-d’Acre.

Ces événemens qui avaient failli mettre le monde en feu et bouleverser l’Europe, sont devenus, grâce à la noble attitude et au désintéressement de la France, les bases sur lesquelles repose encore aujourd’hui la paix universelle. Les grandes alliances qui se contractèrent alors en Europe et qui en furent la conséquence, sont des liens et des gages de plus entre les souverains et les peuples.

La joie fut générale lorsqu’on apprit que le roi allait épouser la princesse Alexandra, fille de l’empereur de Russie ! Le marquis Henri de La Rochejaquelein fut nommé ambassadeur extraordinaire. Le choix qu’on fit de lui était un compliment à l’empereur qui n’avait pas oublié avec quelle brillante valeur M. de La Rochejaquelein avait combattu à l’avant-garde russe dans une campagne mémorable contre les Turcs. L’empereur Nicolas ne voulut pas le recevoir dans les salons du palais, l’ambassadeur fut conduit en grande pompe au milieu de la place entourée par la garde impériale. Dès qu’il arriva, l’empereur fut au devant de lui et tendant la main lui rappela en souriant cette noble devise : « Si j’avance suivez moi, si je meurs vengez moi, si je recule tuez-moi. »

Bientôt la jeune princesse partit pour la France, elle traversa l’Europe. Les populations se pressaient tellement sur le passage de la jeune reine de France, que de Saint-Pétersbourg à Paris, ce ne fut qu’une longue acclamation ! Mais c’est en France que l’enthousiasme fut au comble ! Une alliance avec la Russie était une chose toute nouvelle, les deux peuples ne s’étaient rencontrés jusqu’alors que sur les champs de bataille où ils avaient appris à s’estimer, ils savaient que leurs intérêts en toutes choses étant différens, il n’y aurait jamais entre eux ni rivalité ni concurrence. La princesse était dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté. Sa vue et ses gracieux sourires lui gagnèrent tous les cœurs. Dès que son pied eut touché le sol de la France, elle fut française pour tout le monde et n’eut plus qu’à se laisser aimer.

Dans cette grande occasion, le roi, voulant témoigner à la branche d’Orléans toute son affection, daigna consentir au mariage de sa sœur, Mademoiselle, avec M. le duc de Chartres, fils aîné de M. le duc d’Orléans. Ce jeune prince avait servi avec distinction en Afrique, et s’était toujours fait remarquer par son dévouement à la personne du roi.

L’année suivante fut remarquable par deux autres alliances qui firent de la maison d’Orléans une maison souveraine, et prouvèrent à quel point M. le duc d’Orléans s’était élevé dans l’estime publique par sa noble conduite et son admirable fidélité. Le duc de Nemours épousa la reine Victoria et s’assit prés du trône d’Angleterre aux acclamations de l’Irlande catholique. La princesse Clémentine épousa le prince des Asturies, héritier présomptif de la couronne d’Espagne.

C’est à cette époque que se passa un singulier événement qui faillit enlever aux lettres une de ses plus grandes célébrités et à