Page:Bossange - Ma bibliothèque française, 1855.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On croit généralement de ce côté de l’Atlantique, qu’aux États-Unis on ne s’occupe que d’affaires matérielles. On se figure toujours un Américain derrière un comptoir ou sur le pont d’un navire marchand. J’en conclus que les Français qui se rendent en Amérique ne le font que dans le but de faire du négoce et de gagner de l’argent, ce qui n’est pas un mal ; mais j’en conclus aussi que, consacrés tout entiers à la poursuite des relations commerciales, ils ont négligé d’étudier la société américaine, ce qui est un tort.

J’ai été moins indifférent ou plus heureux. Peu d’hommes ont contribué plus que moi à répandre les livres français sur tous les points de l’Amérique : la conséquence naturelle a été que, par la force de la situation, je me suis trouvé en rapport avec les amis de la littérature française. J’ai vu la société américaine dans ses moments de loisir, alors que pour se reposer de la fatigue des affaires, elle cherche les délassements de l’esprit, et j’y ai retrouvé la civilisation française avec ses goûts littéraires, son amour des beaux-aits et son admiration enthousiaste pour tous les talents, voire même pour les talents les plus futiles.

En Amérique, on forme de toutes parts des bibliothèques, et dans chaque bibliothèque une place est réservée aux livres français. J’ai été consulté bien souvent, de vive voix et par corres-