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MYSTÈRE DU SIÈGE D’ORLÉANS.

Tel est le rôle parlé de Gilles dans le Mystère du siège d’Orléans, qu’il est rangé parmi les principaux personnages. Je dis le rôle parlé ; car, dans la foule des seigneurs et des combattants, même quand il ne parle pas, on sent qu’il est présent et qu’il agit là où se trouve et agit la Pucelle[1].

  1. C’est lui qui, avec Ambroise de Loré, conduit la Pucelle jusqu’à Blois et jusqu’à Orléans. Quand Charles VII le détermine à suivre les inspirations de Jeanne, il dit à la jeune fille :

                      Et pour vous conduire voz gens
                      Aurez le mareschal de Rais,
                      Et ung gentilhomme vaillant
                      Ambroise de Loré arés ;
                      Esquelz je commande exprès
                      Où il vous plaisa vous conduisent,
                      En quelque lieu, soit loing, soit près *.

    (* Mystère du Siège d’Orléans, vers 11143 et suivants.)

    La Pucelle remercie le Roi et lui donne ses recommandations :

                      Roy, soyez tousjours humble et doulx
                      Envers Dieu ; il vous gardera **.

    (** Vers 11207 et suivants.)

    Sur quoi le maréchal de Rais dit aussitôt :

                      Dame, que vous plaist il de faire ?
                      Nous sommes au plus près de Blois ;
                      Se vous y voulez point retraire
                      Et reposer deux jours ou trois,
                      Pour savoir où sont les Anglois,
                      Aussi pour rafrachir vos gens,
                      Ou se vous aymez mieulx ainçois
                      Aller droict jusques à Orléans ?

    La Pucelle lui répond :

                      Monseigneur, je suis bien contans
                      Que à Blois donques nous allons,
                      Pour noz gens là contre atendans ;
                      Ce pendant, aussi penserons
                      De noz affaires, et manderons
                      Es Anglais que devant Orleans
                      S’en voisent, ou combatuz seront,
                      En mon Dieu, de moy et mes gens ***.

    (*** Vers 11,255 et suivants.)

    Lorsque Jeanne apprend que son héraut a été arrêté par les Anglais, elle s’écrie :

                      En mon Dieu, y n’ont pas bien fait ;
                      Pour certain, s’en repentiront,