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Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/140

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V


ALCHIMIE. — LES OPÉRATEURS. — LEURS TENTATIVES. — LEURS INSUCCÈS. — ALCHIMISTES ET MAGICIENS.

Gilles de Rais l’avait compris : c’était la ruine terrible, menaçante y prochaine.

Pour consolider sa fortune croulante, il chercha partout des appuis. Ses expériences, ses tentatives, ses déceptions, nous font entrer de plain-pied dans les sciences occultes, l’alchimie et la magie.

Il n’y a peut-être pas de siècle, dans notre histoire littéraire et philosophique, plus ignorant et tout ensemble plus avide de connaître, que le temps malheureux, qui marqua la fin du moyen âge et prépara, comme dans un champ demeuré longtemps en repos, le fécond épanouissement de la renaissance ? Dans notre histoire nationale, le XIIe et le XIIIe siècles, avec le commencement du XIVe, ont laissé de glorieuses traces de lumière : un grand mouvement de l’esprit vers la littérature et la philosophie s’était accompli. C’était le temps où la Sorbonne naissait sous l’action puissante de saint Louis ; où Albert le Grand, saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin et vingt autres docteurs célèbres professaient devant une jeunesse accourue en foule au pied de leurs chaires ; où Villehardouin et Joinville, ces pères de notre histoire, écrivaient leurs chroniques ; où fleurissait une littérature nationale, pleinement originale, une poésie lyrique gracieuse et brillante, une poésie épique grandiose, à laquelle Chanson de Roland avait donné un modèle ; où, enfin,