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GILLES DE RAIS.

et en présence du promoteur désigné pour cette cause, aux accusations portées contre lui en matière de foi[1].

Le samedi, 8 octobre, de nouveaux témoins comparurent devant l’évêque et le vice-inquisiteur, dans l’une des salles basses du château de la Tour-Neuve. Ni les noms de ces nouveaux témoins ni les détails de leurs plaintes ne sont consignés au procès-verbal qui nous reste : mais les crimes dénoncés sont les mêmes que précédemment ; et si l’on remarque quelque chose de particulier dans ces nouvelles dépositions, on le trouve moins dans la diversité des paroles que dans un surcroît de larmes, de cris et de sanglots qui les accompagnèrent. Si, pour juger de la violence des sentiments qui se firent jour dans cette occasion, il faut s’en rapporter aux termes qui les expriment, on doit croire que la douleur des pères et des mères éclata avec d’autant plus de violence qu’elle avait été plus longtemps comprimée par la crainte.

Ce nouvel interrogatoire avait eu lieu, comme nous venons de le dire, dans une salle basse du château de la Tour-Neuve. Aussitôt qu’il fut terminé, les juges remontèrent dans la grande chambre haute, où le tribunal se trouva réuni au complet vers l’heure de tierce[2]. L’attente était générale parmi les assistants ; car, après les témoins à charge, le maréchal devait comparaître devant l’évêque et le vice-inquisiteur, et les événements, qui venaient de se passer, avaient piqué au vif la curiosité des juges et du public. Gilles parut bientôt : à sa vue, dans toute l’assemblée des assesseurs, des témoins et de la foule, qui se pressaient dans la salle des délibérations, il y eut une vive et profonde émotion. Depuis le 13 septembre, c’était la première fois que le maréchal de Rais paraissait en public : on se figure quels durent être les

  1. Les assesseurs étaient : Jacques de Pencoetdic, official de Nantes, docteur utriusque juris ; Jean Blanchet, bachelier ès lois, avec plusieurs autres personnes appelées comme témoins. Proc. ecclès., Enq. du 28 sept, p. VI, VII. VIII, IX.
  2. Vers neuf heures du matin.