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Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/316

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SES INSULTES.

professeur de théologie sacrée, par autorité apostolique grand inquisiteur de l’hérésie dans le royaume de France, à nôtre bien-aimé frère en Jésus-Christ, Jean Blouyn, au couvent de notre Ordre, dans la ville de Nantes, salut en l’auteur de notre foi, Notre-Seigneur Jésus-Christ.

« L’hérésie, nous dit l’apôtre, est un mal, qui, pour n’être pas coupé jusque dans sa racine par le fer de l’Inquisition, se propage comme un chancre en secret, et dans l’ombre porte la mort aux âmes simples. Aussi, afin d’agir, dans l’intérêt même de leur salut, contre les hérétiques, leurs fauteurs, les gens mal famés pour cause d’hérésie, ou suspects de ce crime ; contre ceux qui s’opposent à l’Inquisition, ou qui en troublent le libre exercice, il faut de grandes précautions et une rare prudence. Nous avons pleine confiance en le Seigneur que vous êtes doué de la capacité et de la compétence voulues pour exercer cette haute charge : voilà pourquoi, du conseil de plusieurs d’entre nos frères, dont la sagesse est reconnue de tous, nous vous avons fait, établi et créé, et aujourd’hui encore, par les présentes lettres, nous vous faisons, nous vous établissons, nous vous créons, dans toutes les formes et avec les conditions requises par le droit, et du mieux qu’il est entre nos mains, notre vicaire dans la ville et le diocèse de Nantes. Par ces lettres donc et par concession, toute puissance vous est donnée contre les hérétiques et contre les coupables désignés plus haut, quels qu’ils soient d’ailleurs. Ainsi, enquêtes, citations, entrevues, interrogatoires, vous pouvez contre eux tous ; vous pouvez les faire saisir, les retenir prisonniers, procéder contre eux en justice, de toute manière que vous jugerez convenable, même jusqu’à la sentence définitive inclusivement ; vous pouvez enfin tout ce qui, par coutume ou de droit, appartient à la charge d’inquisiteur : car, en tout cela, aussi bien par la force du droit commun que grâce aux privilèges spirituels dont jouit l’inquisition, nous vous donnons, autant qu’il est en nous, tous nos pouvoirs. En témoignage de quoi, nous apposons notre sceau à ces lettres patentes.

« Donné à Nantes, le 26 juillet 1426.

G. Mérici. »