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XI


PROCÈS DE GILLES. — PROCÉDURES ECCLÉSIASTIQUES. — LA SOUMISSION. — LES AVEUX. — LA CONDAMNATION.

La journée du jeudi, 13 octobre ne permettait pas d’espérer en Gilles de Rais un esprit plus traitable le surlendemain. Un seul jour pourtant suffit pour faire tomber tout ce dédain : le samedi, 15 octobre, Gilles, que nous avons vu si fier, parut devant le tribunal aussi soumis à ses juges, qu’il avait paru grossièrement révolté contre eux l’avant-veille. Cependant la séance, au début, ne faisait pas prévoir le changement subit qui se manifesta à la fin. En effet, lorsque, à la prière du promoteur, l’évêque de Nantes et le vice-inquisiteur lui demandèrent s’il avait enfin résolu de répondre aux divers articles de l’accusation, comme l’avant-veille, Gilles riposta qu’il n’avait rien à dire. Les juges alors lui posèrent cette question : « Reconnaissez-vous que nous sommes ici vos juges légitimes ? » À cette demande, Gilles de Rais, — était-ce sincérité ? était-ce habileté de sa part ? — répondit : « Oui, je reconnais comme mes juges monseigneur l’évêque de Nantes, l’inquisiteur Guillaume Mérici et le vice-inquisiteur Jean Blouyn, par lui délégué ; et je reconnais de plus que j’ai commis les crimes, qui me sont imputés, dans les limites de leur juridiction. » Puis, entrant dans des sentiments de regret et d’humilité et versant des torrents de larmes, il demande pardon à l’évêque de Nantes, au vice-