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SON REPENTIR.

Tout à coup l’attention redouble : le promoteur, Guillaume Chapeillon, s’est levé pour prendre la parole. Il dit qu’après une confession aussi spontanée, après toutes les autres preuves établies contre le coupable, les juges n’ont plus de raisons de différer encore leur sentence définitive. Il demande donc qu’à cet effet un jour soit fixé à l’accusé, quoi qu’il pût dire contre ces conclusions. À la prière du promoteur et du consentement de Gilles de Rais, l’évêque de Nantes et le vice-inquisiteur fixèrent le mardi suivant, 25 octobre ; et l’assemblée se sépara, chacun emportant dans son cœur et à son foyer les émotions profondes qui l’agitaient et le souvenir des graves enseignements qu’il avait entendus[1].

Ainsi que le promoteur l’avait dit le samedi, 22 octobre, après ce qui venait d’avoir lieu et l’examen complet de la cause, il ne restait plus qu’à clore les débats. Que pouvait-on désirer encore ? Les témoins avaient été entendus : leurs dépositions étaient identiques ; les complices de Gilles, plus ou moins coupables eux-mêmes, selon qu’ils avaient pris une part plus ou moins grande à ses fautes, avaient fait des aveux complets et circonstanciés, qui ne laissaient planer aucune ombre de doute et sur la nature des crimes et sur la personne des coupables ; Gilles enfin, par une confession aussi solennelle que détaillée, avait ajouté une lumière nouvelle à ces clartés si vives déjà ; la justice la plus sévère ne pouvait raisonnablement demander que la vérité fût entourée de plus de preuves et mise dans un plus grand jour. Il est à croire, en outre, qu’on avait fait des fouilles dans les endroits où avaient eu lieu les crimes ; plusieurs écrivains l’assurent ; mais les Procès n’en parlent pas. Sur ce point, il serait bon de savoir en quel endroit l’auteur de l’article sur

  1. Proc. ecclés., p. xlvii à lix. Étaient présents : l’évêque de Saint-Brieuc, Pierre de l’Hospital, Robert de la Rivière, Robert d’Espinay, Yvon de Rocerff, Yvon Goyer, Jean Morel, Gracien Ruitz, Guillaume Groyguet, licencié in utroque jure, Jean de Châteaugiron, Pierre Avril, Robert Viger, Geoffroy de Chevigné, Geoffroy Pipraire, Pierre Hamon, Jean Guérin, Jean Vardie, Jean Simon, Hervé Lévy, Guillaume de la Lohérie, avocat à la cour civile, etc., etc.. avec une foule immense.